Rapport de participation au colloque international « Les Amériques du Canada » Université Masaryk de Brno, République Tchèque
Le 20-21 octobre 2017
Par Marilyne Lamer, Université de Montréal

Avec plus 400 ans d'histoire à son actif pour en témoigner, le Québec se présente comme un espace en tension, constamment tiraillé entre appartenance nationale et continentale. Cette situation n'a pas uniquement nourri l'historiographie québécoise, mais aussi sa littérature. Alors que le Canada célèbre cette année les 150 ans de sa fondation, plusieurs évènements ont lieu de part et d'autre à travers le monde afin de souligner cet évènement historique. Si plusieurs organisations ont souligné à cette occasion les racines européennes du Canada, le colloque sur « Les Amériques du Canada » tenu à l'Université Masaryk à Brno en République tchèque se distingue du lot et rappelle que le Canada, et le Nouveau Monde, s'est aussi construit sous l'égide d'une autre influence, américaine. Ainsi, la communication que j'ai présentée, intitulée « De l'entreprise de mythographie dans le pays à venir de Victor Lévy-Beaulieu » s'est inscrite dans cette volonté des membres de l'organisation du colloque de considérer le Canada non pas en lui-même et de façon isolée, mais plutôt selon ses dynamiques continentales. Rejeton de la Révolution tranquille, l'écrivain Victor Lévy Beaulieu interroge les relations qui unissent et distinguent le Québec, le Canada et l'Amérique. L'équivoque du pays et l'appartenance au continent américain constituent des enjeux fondamentaux de sa production littéraire et c'est pourquoi j'ai choisi de discuter de son œuvre à l'occasion de cet évènement. Pour Beaulieu, le contact avec l'altérité est un trait fondateur de l'Amérique et plus particulièrement du Canada de sorte qu'il se pose comme un sujet incontournable lorsqu'il est question du rapport du Canada à l'Amérique.

En acceptant de considérer le Canada selon ses dynamiques et tensions continentales, ce colloque se distinguait des autres colloques consacrés au Canada et c'est pourquoi il a attiré mon attention. La conférence a laquelle j'ai participé a attiré un grand nombre de spécialistes provenant de domaines diversifiés, tant de l'histoire, que des sciences politiques, de l'anthropologie, de la littérature ou de l'histoire de l'art que de pays variés tels le Canada, la Slovaquie, la Pologne, la France, la Hongrie, la Bulgarie, l'Italie, etc. Réunis autour de l'enjeu de l'américanité du Canada, les participants et moi-même avons tenté de répondre aux questions suivantes : Que signifie « Amérique » pour le Canada ? Quelle est sa vision de l' « Amérique » ? En quoi celle-ci diffère-t-elle de ce qui a cours ailleurs, dans les autres Amériques? Quelles sont les formes du « Rêve canadien » ? Les communications proposées ont donc abordé ces enjeux, mais il importe de souligner que la plupart d'entre elles se sont concentrées sur la situation du Québec en relation aux États-Unis. À cet égard, cela m'a particulièrement ravie puisque cela m'a permis d'entendre de nombreuses présentations portant sur mon sujet principal d'études, soit le Québec.

La conférence s'est déroulée sur deux jours. Combinant à la fois des communications en anglais et en français, différents blocs étaient formés de façon à ce que les participants puissent assister à des conférences dans la langue de leur choix. L'ouverture du colloque a été marquée par la présence de Mme Barbara C.Richardson, ambassadeur du Canada en République tchèque, qui a déclaré être à la fois heureuse de constater l'intérêt des jeunes, et moins jeune, chercheurs pour le Canada. En contrepartie, elle s'est avouée surprise et un brin choquée de constater ce détour par la notion « d'Amérique » pour parler du Canada. La première conférence plénière, présentée par Peter Klaus, a été consacrée à l'avenir de la littérature québécoise dans une perspective canadienne, américaine, francophone et/ou autochtone. Cette présentation a donné le ton à la rencontre et a été riche en découvertes. Les présentations, suivantes tout comme celles de la deuxième journée, ont pour la plupart été remarquables. Accueillant à la fois des chercheurs chevronnés tels que Don Sparling, Petr Kylousek, Peter Klaus et Józef Kwaterko et des étudiants doctorants, les échanges ont été nombreux et les réceptions très chaleureuses. La collaboration, l'appui et le support de ces chercheurs expérimentés ont été remarquables. Ils ont accordé à chaque présentation, dont la mienne, une attention soutenue et, tout en soulignant les points forts de chacune des communications, ils ont aussi formulé des remarques constructives susceptibles d'améliorer nos prochaines communications. Cet engagement qui visait, selon ces chercheurs, à contribuer à former une relève scientifique a été pour moi l'élément le plus déterminant de ce colloque. Plus que d'avoir présenté une communication, le fait d'avoir reçu des commentaires constructifs que je pourrais réinvestir dans la suite de mon parcours académique est déterminant. Je me dois de mentionner à cet égard l'engagement de M. Józef Kwaterko, qui a même pris une heure de son précis temps afin de s'intéresser à mes recherches et qui m'a proposé également d'autres avenues et débouchés possibles. Par conséquent, je retire de ma participation à cet évènement une énorme fierté. D'abord, d'avoir pu représenter mon pays lors de ce colloque international, mais également, d'avoir concrètement avoir contribué à la fois à l'augmentation des connaissances sur le Canada, mais aussi d'avoir acquis de nouveaux outils qui me permettront de poursuivre dans cette voie. Je me dois de souligner une présentation qui m'a particulièrement impressionnée et qui a réellement influencé la vision que j'avais d'abord des écrits de Rina Lasnier. La conférence, très passionnée faut-il le mentionner, présentée par Mme Hana Rozlozsnikova sur « Le drame poétique et la société canadienne-française» a vraiment ouvert une nouvelle porte de recherche sur cette écrivaine et cette découverte sera assurément susceptible de nourrir mes futures recherches.

Enfin, cet évènement m'a permis d'améliorer mon réseautage et j'ai reçu certaines invitations afin de participer à de nouveaux évènements visant à faire la promotion du Canada et à favoriser le développement de recherches universitaires sur celui-ci. Enfin, il faut dire que ma participation à cet évènement n'aurait pu être possible sans le soutien du Réseau d'Études canadiennes que je remercie sincèrement.